Quelles sont les interprétations possible de la propriété de “faire souche” (stemness), est-elle constitutive de l’ensemble des cellules souches, dans quelle mesure cette propriété est-elle liée à l’environnement ? Quelle est sa résilience ? se demande Lucie Laplane, chercheur CNRS, philosophe et biologiste. Cet immense travail de recherche autour de la nature et de l’identité des cellules souches est au fondement du projet STEM : « l’objectif du projet STEM est de mieux comprendre les cellules souches à travers une approche interdisciplinaire qui combinera philosophie, phylogénie, et biologie expérimentale. Le concept de cellule souche regroupe une diversité de cellules, localisées dans différents tissus, présentes à différents stades du développement de l’organisme, dans différentes espèces, qui divergent dans leurs propriétés phénotypiques et fonctionnelles. Le projet est structuré autour de deux questions qui seront explorée à la fois philosophiquement et biologiquement :
1- Unité : au-delà de cette diversité, les cellules souches partagent-elle une identité commune ? En terme plus philosophique, appartiennent-elles à une même espèce naturelle ? En terme plus biologique : partagent-elles une origine évolutive commune ? Ou bien la propriété souche est-elle une convergence évolutive ?
2- Stabilité : la nature (l’ontologie en terme philosophique) de la propriété souche est-elle stable ou peut-elle changer ? Autrement dit, les différences qui sont observées entre les cellules souches sont-elles dues au contexte dans lequel les cellules souches sont ou bien sont-elles dû à des différences constitutives propre au type cellulaire ? » (1).
Dans le domaine de la culture cellulaire humaine, les cellules souches ont deux provenances possibles :
- Elles peuvent provenir des embryons, avant la différentiation des cellules.
- Elles peuvent venir d’autres cellules déjà différenciées, mais qui ont été reprogrammées pour revenir à un stade antérieur de développement. Ce sont les cellules souches pluripotentes induites, IPS. Les IPS sont capables de se multiplier indéfiniment ainsi que de se différencier en tous les types de cellules qui composent l’organisme. Il s’agit alors de réactiver la pluripotence, éteindre les gènes de différenciation exprimés par la cellule au stade adulte. Le procédé a valu le prix Nobel de médecine à Shinya Yamanaka, le chercheur japonais qui a mis au point la technique en 2012. Ces cellules sont déjà largement utilisées pour modéliser des pathologies humaines, pour tester des molécules. Elles sont prometteuses pour la médecine regénérérative et les traitements en immunothérapie des cancers. Les travaux de recherche se heurtent cependant à des phénomènes de mutations aléatoires.
Si il y a quelques années dans le domaine de la culture cellulaire, un problème moral était attaché à était lié à la provenance des cellules souches – l’embryon – ; aujourd’hui le problème moral est davantage attaché à leur devenir, en particulier à cette étonnante et complexe propriété qui permet de “faire souche”.
Pour en savoir plus sur les cellules souches, une interview de Lucie Laplane par Maxime Feyeux, pour Stem Cell Jungle, une plate forme de videos portant sur les cellules souches.
1- https://emploi.cnrs.fr/Offres/CDD/UMR8590-LUCLAP-001/Default.aspx
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