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Prendre au sérieux l'amélioration humaine ?

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L’idée selon laquelle la médecine devrait chercher à améliorer le corps, et pas seulement à le remettre en état lorsqu’il va mal, a beaucoup de mérite. La clé pour maximiser les avantages et minimiser les risques consistera à chasser les charlatans et à intégrer ce projet en plein essor dans le courant scientifique dominant” peut-on lire dans l’hebdomadaire The Economist, qui accorde au thème de l’amélioration humaine assez d’importance pour le placer en couverture de son édition du 22 mars 2025 ” Rise of the super human“. 

La médecine préventive, qui a pour but d’empêcher le développement de maladies,  peut se placer dans ce cadre très large. Mais le concept d’amélioration humaine va bien au delà de la médecine préventive et englobe toutes sortes de pensées et de projets. “Un mouvement en pleine expansion considère le corps humain comme une simple pièce de matériel à pirater, à optimiser et à améliorer. Au nom de l’amélioration humaine (…) certains, parmi lesquels Peter Thiel et Elon Musk, explorent la prolongation de la vie, les implants cérébraux et les médicaments qui améliorent le corps et l’esprit”. Ce relativisme absolu, associé à l’absence de limites (2),  caractérise le courant de pensée transhumaniste. Pour les auteurs transhumanistes, tout se vaut, objets et éléments humains.  L’humain serait un algorithme comme un autre. Tous les moyens sont alors admissibles pour améliorer le corps humain. Rien ne justifie de baisser les bras devant la détérioration du corps humain. Le recours à la technologie pour améliorer l’humain doit être recherchée comme un choix individuel, sans aucune limite ni régulation. Aucune limite morale n’est pertinente dans la perspective de la transformation du corps humain, jusqu’à dépasser l’enveloppe biologique jugée trop vulnérable. Le transhumanisme est essentiellement transgressif, excessif. Il entend ne pas tenir compte de son environnement politique et va toujours au delà de ce que la société est prête à accepter à un moment donné. Ses adeptes oublient souvent de se pencher sur les causes d’un problème avant d’en traiter les conséquences. Ils ont tendance, dans l’usage des technologies, à en considérer davantage les avantages individuels, souvent l’augmentation de performances,  et ignorer les répercussions sur la société et l’organisation de celle çi. Certains considèrent que l’humain de type Homo Sapiens ne constitue qu’une étape dans la grande évolution darwinienne. Ou plutôt dans la co-évolution de l’humain et de la technologie. 

Dans le débat public à venir sur l’amélioration humaine, la question est alors de savoir jusqu’où, dans cette perspective (sans évoquer les questions de sécurité), il est admissible de modifier, de transformer le corps humain à l’aide de molécules chimiques, d’appareils, d’intervention chirurgicales, de transformation du génome… Où est la limite morale quand les technologies semblent, elles, se développer sans limite ?

 

1 – https://www.economist.com/leaders/2025/03/20/how-to-enhance-humans?utm_content=ed-picks-image-link-3&etear=nl_today_3&utm_campaign=r.the-economist-today&utm_medium=email.internal-newsletter.np&utm_source=salesforce-marketing-cloud&utm_term=3/21/2025&utm_id=2070012

2 – https://www.anthropotechnie.com/a-propos-des-oligarques-de-la-silicon-valley-le-transhumanisme-est-lune-des-dimensions-les-plus-fascinantes-et-les-plus-inquietante-de-ce-monde-sans-limite/

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