Une nouvelle étape vient d’être franchie dans la recherche sur le développement d’organes à partir de cellules souches, chez la souris. Embryons synthétiques, similis d’embryons, modèles d’embryons, embryoïdes : chacun hésite sur le terme à utiliser pour désigner ce nouvel “assemblage” vivant fabriqué via des cellules souches embryonnaires de souris, qui s’est développé durant 8 jours en laboratoire, doté d’un cerveau rudimentaire, d’un intestin et d’un coeur battant (1). L’expérience, réalisée par le Weizmann Institute of Science (Israël) et publié dans le magazine Cell, a été réalisée sur des souris. Au delà des rongeurs, l’objectif annoncé est de pouvoir observer, de mieux comprendre le développement des organes humains à partir du stade embryonnaire, afin de pouvoir mieux les soigner. Dores et déjà les sujets de réflexion et de préoccupation, certains très spéculatifs d’autres moins, abondent autour de cette expérience :
- La question des expériences à venir sur les souris : « that makes more plausible in the long run a proposition with broad implications : the possibility of turning any mouse cell into a living mouse » estime Hank Greely, Université de Stanford (1).
- L’hypothèse d’une démarche analogue sur d’autres mammifères, qui rendrait envisageable la fabrication d’organes pour les humains : « a fascinating, potentially fraught realm of science that could one day be used to create replacement organs for humans », et « open ethically mulky territory » (1).
- La question des implications de ces recherches sur le développement de cellules humaines. Le statut moral et juridique de tels assemblages de cellules et tissus s’ils s’appliquaient à l’humain : “The issue of whether there are moral differences between using stem cells to produce models of human organs for research and using stem cells to create a synthetic embryo are already playing out in law courts » (2).
- La question de la préservation du consentement d’un individu à qui appartiennent des cellules devenues des cellules souches pluropotentes induites (IPS): « in the future it might be possible to make synthetic embryos from induced pluripotent stem cells (IPS). The worst case scenario would be a person donates a skin cell to research into producing organs to cure disease but this is used without their knowledge or consent to produce synthetic embryos » (2).
1 – Carolyn Y. Johnson. Scientist create synthetic mouse embryos, a potentiel key to healing humans. The Washington Post. 1er aout 2022. https://www.washingtonpost.com/science/2022/08/01/synthetic-mouse-embryo/
2 – Julian Savulescu, Christophere Gyngell, Tsutomu Sawai. First synthetic embryos : the scientific breakthrough raises serious ethical questions. The Conversation. 11 aout 2022. https://theconversation.com/first-synthetic-embryos-the-scientific-breakthrough-raises-serious-ethical-questions-188382
3 – Antonio Regalado. This start up wants to copy you into an embryon for organ harvesting. MIT Technology Review. 4 aout 2022.
4 – Megan Munsie. “Premier embryon synthétique » au monde : une prouesse riche en promesses et en questions. The Conversation. 10 aout 2022. https://theconversation.com/premier-embryon-synthetique-au-monde-une-prouesse-riche-en-promesses-et-en-questions-188418
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