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Les enjeux d'un utérus artificiel

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Un foetus d’agneau respirant dans une sorte de poche en plastique transparente remplie de liquide et reliée à de multiples tubes : les lecteurs du magazine Nature ont découvert il y a quelques jours, entre effroi et fascination, cette vidéo d’un utérus artificiel de mouton. L’appareil, qualifié de “support extra-corporel pour le foetus”, a été conçu comme une copie de l’utérus de brebis. Et fait irrésistiblement penser à une amorce de “fabrique” de bébé-animaux. 

Dans un article intitulé An extra-uterine system to physiologically support the extreme premature lamb, des chercheurs du Children’s hospital of Philadelphia expliquent comment ils ont entrepris avec succès, durant 4 semaines, le développement d’un fœtus d’agneau en laboratoire. Mais en réalité, les travaux entrepris par cette équipe de chercheurs ont bien pour objectif la création d’utérus artificiels pour les humains : ” We show that fetal lambs that are developmentally equivalent to the extreme premature human infant can be physiologically supported in this extra-uterine device for up to 4 weeks” peut-on lire dans l’article. En particulier pour les enfants qui naissent bien avant l’heure, les grands prématurés, avec l’espoir que ces bébés minuscules y trouvent de quoi poursuivre leur développement en toute sécurité, en dépit de leur expulsion du corps maternel. 

Henri Atlan avait-il raison quand, en 2005, il avançait l’hypothèse d’une gestation en dehors du corps de la femme, dans son livre L’utérus artificiel ? H. Atlan considérait, il y a plus de dix ans, que l’utérus artificiel constituerait rapidement la nouvelle révolution dans le domaine de la reproduction humaine, après la pilule contraceptive, l’insémination artificielle et la fécondation in vitro. Interrogé par le quotidien Le Monde dans son édition du 27 avril, H. Atlan estime que l’appareil dévoilé le 25 avril dernier s’apparente davantage à une couveuse perfectionnée qu’un véritable utérus artificiel et souligne qu’il ne concerne pas l’ensemble de la grossesse. 

Une gestation qui se déroulerait entièrement en laboratoire ressort aujourd’hui de la plus pure science-fiction. Les obstacles à la réalisation de ces procédés de gestation extra-corporelle, tels que présentés par Henry T. Greely, directeur du Center for Law and the Biosciences à l’Université de Stanford, seraient de deux types. D’une part, les connaissances sont aujourd’hui très insuffisantes. Une solution plus vraisemblable serait même de reproduire un utérus à l’aide de cellules souches, de la même manière que pour les transplantations d’organes. D’autre part, comment faire avancer la recherche ? Il est en effet impensable de mener des expériences qui pourraient s’avérer dangereuses pour des fœtus humains, rappelle H. Greely.

 

 https://www.nature.com/articles/ncomms15112

Henry T.  Greely. The end of sex, and the future of human reproduction. Harvard University Press. 2016.

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