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Les embryoïdes ne sont pas des embryons (à ce jour).

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Lever le voile sur le mystère du commencement de la vie : les embryoïdes ou “modèles de développement embryonnaires in vitro” sont des assemblages de cellules crées à partir de cellules souches (soit d’origine embryonnaires, soit de cellules souches pluripotentes induites IPS), qui imitent le développement des premiers jours qui suivent la conception (1). Ils constituent de cette manière des modèles pour la recherche. Un consensus international empêche le transfert d’embryoïdes humains dans un utérus humain ou animal. Le transfert se pratique pour les animaux.  Une expérience d’implantation d’embryoïde dans un utérus de singe a été récemment pratiquée en Chine. Les embryoïdes sont utilisés dans des expériences de recherche sur l’efficacité des AMP, des essais pharmacologiques et toxicologiques, la mise au point de thérapies cellulaires, et permettent de ne pas recourir aux embryons surnuméraires humains (embryons issus d’AMP et sans projet parental), et/ou aux embryons animaux.

Plus l’embryoïde ressemble à l’embryon, plus il est efficace dans ses missions de connaissance du vivant. Inexorablement, les embryoïdes deviennent ainsi, au fil de l’avancée des recherches, de plus en plus similaires aux embryons.  Le dilemme des embryoïdes réside alors dans la question suivante : comment continuer d’avancer dans cette connaissance médicale et scientifique du développement embryonnaire, indispensable à la compréhension des maladies, tout en restant lucide et vigilant sur les enjeux abyssaux de représenterait une telle fabrication du vivant ?

Les embryoïdes ne doivent pas être considérés comme des embryons encore à ce jour

“Les embryoïdes ne doivent pas être considérés comme des embryons encore à ce jour” précise l’Agence de biomédecine qui vient de publier un avis pour l’encadrement de la recherche dans ce domaine (1).Si le statut des embryons est relativement clair au présent, tout le problème réside dans ces 3 mots “à ce jour”. A ce sujet, l’Agence de biomédecine va plus loin dans ses explications et ajouté que : “actuellement, la distinction est facile à faire car ces embryoïdes ne peuvent aboutir à un développement à terme chez la souris (…). Cependant, on peut supposer qu’au vu des progrès scientifiques rapides observés dans ce domaine, les embryoïdes animaux auront acquis dans un futur proche des propriétés qui ne permettront plus de les distinguer des embryons conçus naturellement”.

L’Agence dans sa réflexion sur la manière d’encadrer les recherches dans ce domaine, envisage trois manières de considérer les embryoïdes, et affirme sa préférence pour la position intermédiaire  : 

  • “1. Position restrictive : Les embryoïdes ne sont pas des embryons, mais les techniques vont s’améliorer et l’objectif est de parvenir à une équivalence. Par conséquent, les recherches sur les embryoïdes doivent d’ores et déjà être encadrées de la même manière que les recherches sur l’embryon.

  • 2. Position permissive : Les embryoïdes ne sont pas des embryons, ce sont des amas cellulaires. Aucun encadrement spécifique ne devrait être envisagé, les règles étant les mêmes que celles encadrant toute recherche sur lignées cellulaires.

  • 3. Position intermédiaire : Les embryoïdes ne sont pas des embryons, mais ils modélisent le développement embryonnaire précoce et permettent des avancées scientifiques et médicales. Ils méritent donc un encadrement spécifique qui doit être plus souple que celui concernant la recherche sur l’embryon, mais plus strict que celui concernant la recherche sur les lignées de cellules classiques. Cette position intermédiaire est soutenue par de nombreux embryologistes ainsi que des sociétés savantes dont l’ISSCR. C’est également celle adoptée par le Conseil d’orientation“.

L’Agence de biomédecine estime donc que les embryoïdes humains sont suffisamment différents des embryons “naturels” pour justifier un encadrement de la recherche plus souple pour les premiers.  Dans le cas des embryoïdes,  des expériences équivalentes à un stade de développement de 28 jours chez l’embryon naturel, pourraient être autorisées, alors même que la durée de “culture” des embryons humain ne peut excéder 14 jours.`

Attention aux dons de cellules somatiques pour générer des cellules souches

L’Agence de biomédecine pointe par ailleurs” les risques de dérive liées à des exploitations commerciales des embryoides et de leurs éléments dérivés (cellules, tissus ou organes)”. Et insiste sur la nécessité d’actualiser en ce sens les processus de recueil du consentement des individus en cas de don de “cellules somatiques avec l’objectif de générer des cellules IPS“. Face à l’ampleur de ces interrogations, la reflexion sur la nécessité et les justifications de telles recherches s’impose. D’un point de vue plus général, reste à définir et encadrer les usages de ces nouveaux pouvoirs technologique, un pouvoir singulier qui s’exerce sur la genèse du vivant, et du vivant humain. 

1 – http://https://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/2023-co-21_annexe_modeles_embryonnaires_vd28092023_.pdf

 

 

 

 

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