Lien copié

Congeler ses ovocytes : une possibilité, pas un devoir.

Share On Facebook
Share On Twitter
Share On Linkedin

Dans la loi de bioéthique de 2021, j’ai ouvert le droit à la congélation d’ovocytes, mais en la limitant en termes d’âge afin d’éviter que cette pratique ne se généralise et ne devienne la norme. Le but était d’ouvrir un droit mais pas d’en faire un devoir. Je ne voulais pas tomber dans la dérive des entreprises américaines qui proposent aujourd’hui la prise en charge de la congélation des ovocytes pour leurs cadres afin qu’elles puissent mener leur carrière à bien. La réponse à la baisse de la démographie ne peut être une médicalisation à outrance de la fécondité des couples” estimait récemment Agnès Buzyn (1). L’ ancienne ministre de la santé met en garde sur une possible injonction envers les femmes qui consisterait à “bien veiller à préserver leur fertilité en se prêtant à des stimulations ovariennes pour congeler leurs ovocytes“.

Les stimulations ovariennes consistent en des procédures longues, pénibles et invasives pour les femmes.  Il ne semble pas en outre que les conditions de sécurité soient absolues :  “ il n’y a aucune visibilité aujourd’hui sur les effets à long terme de la stimulation hormonale ” précise Noémie Merleau Ponty, anthropologue au CNRS (3). 

Une vigilance semble être de mise vis à vis de pratiques, certes légitimes dans bien des cas, mais qui ne doivent devenir contraignantes en aucune façon.  En janvier dernier les responsables de l’Agence de Biomédecine évoquaient, comme possible solution pour remédier à la pénurie d’ovocytes en France ,  le développement des  pratiques d’autoconservation des ovocytes, précisant que cette autoconservation pouvait devenir “presque de routine” pour les femmes de 30 ans (4). 

Depuis l’ouverture de la possibilité de l’autoconservation non médicale d’ovocytes en 2021,   “près de 19 160 demandes ont été recueillies par les centres autorisés. La tendance reste à la hausse puisqu’on recense 7 616 nouvelles demandes au 1er semestre 2023 contre 5 038 au 2ème semestre 2022, soit une hausse de 51 %” dénombre l’Agence de Biomédecine.

 

 

 

1 – Agnès Buzyn. Interview pour le Le Figaro. Lundi 13 mai 2024.

3- Noémie Merleau Ponty.  Journées annuelles du Comité d’éthique de l’INSERM. 22 novembre 2023.

https://pod.inserm.fr/comite-dethique-inserm/10e-journee-annuelle-du-cei-2023/video/2026-7_tr2-noemie-merleau-ponty

3 – Marine Jeantet. Audition de l’Agence  de Biomédecine sur les évolutions récentes. 18 janvier 2024. https://videos.senat.fr/video.4310654_65a8cefc84117.bioethique—audition-de-l-agence-de-la-biomedecine-sur-les-evolutions-recentes (1.37.49)

 

 

0 commentaire

Commenter

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Champs obligatoires*