A lire dans American Scientific :

Bio-error ou bio-terror…dans les deux cas, les conséquences pourraient bien être identiques. Aux Etats-Unis, le programme Safe Genes de la DARPA, Defense Advanced Research Projects Agency, organise la lutte prévisible contre l’expansion de modifications génétiques indésirables engendrées par la technique gene drive. Un article de la revue American Scientific a fait le point sur ce sujet, salué par le compte Twitter de la DARPA, avec le commentaire  suivant : “To be bullish about #genome engineering, need to be just as aggressive with tools to reverse changes“.

Le gene drive est une nouvelle technique de manipulation génétique. Elle permet de court-circuiter l’évolution et la sélection naturelle en permettant à des matériels génétiques modifiés de se propager à la vitesse d’une traînée de poudre d’une génération à l’autre. Un individu possédant une portion d’ADN modifiée peut contaminer une population en une dizaine de générations. Ce pouvoir démultiplicateur permettrait par exemple de lutter contre le paludisme en modifiant ultra rapidement le patrimoine génétique des moustiques. Il pourrait s’appliquer tout aussi rapidement dans bien d’autres domaines.

 Accidentels ou intentionnels, ces pouvoirs de nature génétique sont, aux yeux des responsables de la DARPA, à prendre très au sérieux, et très rapidement, car il n’existe pas encore de moyen d’agir contre un usage qui serait malveillant du gene drive. L’idée consiste à mettre sur pied des équipes spécialisées ainsi que des nouvelles techniques qui pourraient voir le jour dès la mi-2017. Les modifications génétiques qui seraient indésirables ou  néfastes deviendraient ainsi réversibles, grâce à la mise en oeuvre de techniques reversal drive de contrôle, de remédiation ou d’inhibition.

Selon American Scientific, la DARPA étudie des propositions de chercheurs dans trois directions principales:

• Éliminer le gène non désiré dans une variété d’espèces, quelle qu’en soit la cause.
• Organiser des systèmes pour contrôler et rendre réversible l’édition de génome telle que le CRISPR-Cas9.
• Ou encore éparpiller des drive components dans le génome pour effacer les effets du gene drive: “Lastly, researchers will be tasked with developing small molecules, antibodies or other means of arming organisms to rebuff genome editors at a molecular level as well as novel ways to deliver the most promising of these inhibitors to cellular or animal hosts—orally, perhaps, or by way of a specially designed virus”.

Un problème toutefois : les technologies de reversal drive ne sont pas neutres elles mêmes :”the National Academies report warns the technology is an incomplete safeguard that may produce its own unintended effects and fail to undo the ecological impact of the original drive.

Dans l’univers génétique, comme dans l’ensemble du vivant, réversibilité et irréversibilité semblent aller de pair.

Pour en savoir plus :

 https://www.scientificamerican.com/article/u-s-military-preps-for-gene-drives-run-amok/

 Un article du blog Anthropotechnie du 20 juillet 2016 « La technologie Gene Drive, une révolution en biologie ? » http://www.anthropotechnie.com/la-technologie-gene-drive-une-revolution-en-biologie/